16 Rue des Coutures Saint-Gervais
75003 Paris
France
Exposition du 7 au 14 janvier 2014 Diaphane et nébuleuse, la peinture d’Émilie Sévère peut d’abord faire l’effet d’une abstraction atmosphérique dérivée des phosphorescences à la Redon et des brumes à la Rothko. Qu’elle soit humaine ou géométrique, la figure semble en effet absente de la succession de voiles translucides que peint l’artiste. Pourtant, ceux-ci laissent transparaître à travers leurs jeux de moires et de virevoltes la contre danse d’une procession fantomatique. Plutôt qu’absente, la figure serait donc voilée. L’artiste elle-même ne considère pas sa démarche comme abstraite. Si les silhouettes d’un chien et d’un visage se laissent deviner dans une toile intitulée Disparition (2012), aucun être ne transparaît directement de Silence (2012), grand diptyque dont les pendants mesurent chacun deux mètres de haut par trois mètres de long. En renvoyant à la peinture monumentale, leur format panoramique suggère pourtant les classiques cortèges de bacchanales ou de pleurants. La peinture d’Émilie Sévère s’enracinerait moins dans l’histoire des avant-gardes que dans celle d’une tradition classique, imprégnée des mystères de Giorgione et du sfumato de Leonard de Vinci. Au lieu d’attaquer sur un apprêt blanc, l’artiste part de la toile écrue qu’elle badigeonne d’abord de teintes « naturelles » (terre brûlée ou terre verte) qui transparaîtront ensuite par endroits, sous les couches de couleurs chatoyantes. De la même manière qu’il n’est pas ici question de planéité mais de profondeur, il n’est pas question de table rase mais de survivance. Celle notamment du voile antique et des dialectiques qui s’y rattachent : voilement et dévoilement, visible et invisible. Hélène Meisel